12 octobre 2022 Valérie

📌 Point presse : Kantorow dans Rachmaninov

A. Kantorow (© André Peyrègne)

Monaco
Auditorium Rainier III
09 octobre 2022
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 1, opus 1
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 1 « Rêves d’hiver », opus 13

Alexandre Kantorow (piano)
Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Dima Slobodeniouk (direction)

C’est en juin 2019 qu’Alexandre Kantorow fut le premier pianiste français à remporter le Concours international Tchaïkovski de Moscou. Il n’y a pas si longtemps. Entre‑temps, il y a eu le ralentissement des saisons covid. Mais voilà sa carrière qui s’emballe.

Rien ne l’arrête. Et surtout pas les difficultés du Premier Concerto de Rachmaninov que nous avons entendu à Monaco ! Bagatelle, pour lui, que ces gammes qui partent dans tous les sens, ces accords qui sont pleins de notes, ces traits semblables à des feux d’artifice ! Ce jeune homme pâle, maigre comme un lévrier, dont les longs doigts ont la souplesse et la dureté de l’acier, joue Rachmaninov avec autant de facilité qu’Ah ! vous dirai‑je, maman ! C’est époustouflant.

Il y a aussi des passages lyriques – comme ce beau thème qui fut pendant des années l’indicatif de l’émission « Apostrophes ». Et dans ces passages‑là, Alexandre Kantorow est aussi impressionnant que dans les passages virtuoses. Il tient dans sa main quelque chose de l’âme slave.

La salle était comble. Il l’a mise debout.

L’Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, dirigé par Dima Slobodeniouk, apporta au pianiste un accompagnement robuste. La particularité du programme de ce concert était de présenter deux œuvres de jeunesse : le Premier Concerto de Rachmaninov et la Première Symphonie de Tchaïkovski – deux œuvres composées respectivement à 19 et 25 ans, à la sortie du conservatoire. Le concerto fut composé d’un seul élan, en quelques jours. La symphonie, elle, fut écrite dans la souffrance, en plusieurs mois au cours desquels Tchaïkovski faillit plonger dans la dépression. L’œuvre, intitulée Rêves d’hiver, est pleine de contrastes et de nostalgie, annonciatrice du futur grand Tchaïkovski, mais avec des passages où le compositeur semble s’égarer. (Essentiellement dans le final).

Le chef en a donné une interprétation énergique et déterminée dans laquelle on aurait toutefois aimé plus de souplesse et de poésie. Car, dans ces Rêves d’hiver, les rêves priment sur l’hiver…

André Peyrègne