Jeudi 15 mai a eu lieu la dernière séance de la saison sur l’histoire de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Après avoir commencé avec les origines de l’orchestre en début de saison, nous sommes arrivés à l’époque moderne.
Deux musiciens, interviewés par André Peyrègne, ont apporté leur témoignage : Philippe Bender et Eliane Abrial.
Philippe Bender a été flûtiste à l’orchestre de 1963 à 1976, sous les directions de Louis Frémaux, Edouard van Remoortel et Igor Markevitch. Il a été l’un des plus jeunes musiciens de l’orchestre, engagé sur concours à Paris, aussitôt après sa sortie du conservatoire. Il a participé à tant de grands concerts en la Salle Garnier ainsi que le début des concerts au Palais princier. Il a connu les séances d’enregistrements dans la salle de l’Alcazar à Beausoleil où le pianiste Samson François ne voulait enregistrer que la nuit. Il a fait partie de la tournée historique de l’orchestre aux Etats-Unis, en 1966, sous la direction de Paul Paray, au cours de laquelle, un contrebassiste de l’orchestre a été tué. Il a été poussé à la direction d’orchestre par Paul Paray et participa au fameux concours Mitropoulos à New-York, qu’il remporta. A la suite de cela il devint l’assistant de Leonard Bernstein et Pierre Boulez à New-York. Son retour à Monaco, à la suite du concours Mitropoulos, fut salué par Igor Markévitch qui vint le chercher à l’aéroport et partagea ensuite un concert avec lui. Que de merveilleux souvenirs !
La violoncelliste Eliane Abrial, elle, a été la première femme à être engagée à l’orchestre de Monte-Carlo. C’était en 1972, à une époque où les principaux orchestres du monde étaient exclusivement masculins. (La première femme engagée au Philharmonique de Vienne l’a été en 1997!) Elle épousa le hautboïste « historique » de l’orchestre Jean Abrial qui, lui, avait été engagé à l’orchestre à la fin des années 1930. Eliane Abrial a évoqué la carrière de son mari, les engagements précaires des musiciens entre les deux guerres, ses combats pour améliorer leur situation. A son arrivée à l’orchestre, les hommes l’ont bien accueillie – d’autant que son mari était là pour veiller qu’il n’en soit pas autrement ! Peu après, d’autres femmes sont arrivées, notamment lorsque l’orchestre de l’ORTF de Nice a été dissout et que des musiciennes ont été récupérées à Monaco. Comme Philippe Bender, Eliane Abrial a aussi connu les séances d’enregistrements de disques à l’Alacazar – notamment celui où la Callas trouvant le lieu insalubre, partit en claquant la porte, refusant d’enregistrer son disque. Elle a participé aux grandes tournées internationales de l’orchestre, ayant un souvenir particulier de celle qui eut lieu au Japon l’Exposition universelle au Japon. De nombreux grands chefs d’orchestre lui ont laissé des souvenirs impérissables, notamment Lorin Maazel et Rafaël Frubeck de Burgos. Une vie passée avec bonheur au sein de l’orchestre !
Après Lawrence Foster lors de l’avant dernière séance et Philippe Bender et Eliane Abrial lors de celle-ci, d’autres témoignages sur la vie de l’orchestre seront sollicités et donneront lieu à d’autres séances la saison prochaine.
A suivre…