17 mai 2016 Valérie

Conférences : Saison musicale 2016/2017

Conférence : « Berlioz, le compositeur fantastique ! »

Photos : Portrait de Belioz ( 1839) de Paul de Pommayrac / Portrait de Harriet Smithson / Son piano au Musée Hector Berlioz / Portrait de Camille Moke / Monument de Berlioz à Monaco vers 1903

Le jeudi 16 mars 2017 à l’Auditorium Rainier III, M. André Peyregne, critique musical, nous a présenté la conférence portant sur  » Berlioz, le compositeur fantastique ! ».

RESUME CONFERENCE 16 mars 2017

C’est le samedi 7 mars 1903 qu’a eu lieu l’inauguration du Monument Berlioz à Monte-Carlo, par une magnifique journée, où le soleil s’était empressé de se rendre. Le gouvernement français y avait envoyé, pour le représenter, M. Jules Combarieu, qui a adressé à S. A. S. le prince Albert de Monaco de vifs remerciements « pour avoir ainsi donné le signal de la réparation qui était due au grand musicien ».

M. Massenet parla, au nom de l’Institut de France, et dans son discours qui fut accueilli par des applaudissements chaleureux :

« C’est le propre du génie d’être de tous les pays. A ce titre, Berlioz est partout chez lui. Il est le citoyen de l’entière humanité. Et pourtant, il passa dans la vie, sans joie et sans enchantement. On peut dire que sa gloire présente est faite de ses douleurs passées. Incompris, il ne connut guère que les amertumes.

Le voilà donc sur son rocher, à Monte-Carlo, le Prométhée musicien, l’Orphée nouveau qui fut déchiré par la plume des écrivains, comme autrefois l’ancien par la griffe des Ménades.

S’il pouvait vivre encore, qu’il serait heureux de ce pays d’enchantement qui l’entoure et comme il y trouverait ses rêves épanouis !

Il dormira seul ainsi dans son rêve, jusqu’au jour du jugement dernier où les trompettes fulgurantes de son Requiem grandiose viendront le réveiller, en ranimant ce marbre pour en tirer son âme glorieuse.

Oui, c’est bien ici sa terre d’élection, celle où l’on devait faire à son œuvre maîtresse, la Damnation de Faust, un si enthousiaste accueil, en en animant encore davantage les personnages, en les transportant sur la scène, en les entourant du prestige de ces costumes et de ces décors merveilleux que le Prince de Monaco a voulus pour cette adaptation qui est son œuvre, et qu’il a maintenue malgré les attaques des malveillants. Combien son Altesse est récompensée aujourd’hui en voyant que l’Italie et l’Allemagne, ces deux patries de la musique et de la poésie, ont suivi son impulsion et triomphent avec ses idées.

Tournons-nous donc vers celui à qui Berlioz a dû cette rosée bienfaisante. Remercions ce prince de la science qui est aussi le protecteur des arts. En cette terre qui semble un paradis, si chaude et si colorée, en ce jardin des Hespérides qu’aucun dragon jaloux ne garde, dans ces transparences et dans ces clartés, il nous apparaît, en vérité, comme le Roi du soleil… »

Le Prince Albert I a été un grand exploiteur des océans, il était un prince des Sciences, mais également un prince des Arts. Il avait soutenu l’Opéra, et a nommé à la tête de l’Opéra de Monte-Carlo un directeur extraordinaire : Raoul Gunsbourg.

Celui-ci va y rester jusqu’en 1951, accomplissant ainsi le plus long mandant de l’histoire du théâtre : près de 60 ans !

C’est grâce à lui, que l’Opéra de Monte-Carlo va devenir l’un des phares de la vie lyrique européenne, avec des saisons riches en ouvrages ambitieux et en créations, et la présence d’artistes d’exception. On a entendu pour la première fois les œuvres de Wagner, de Sans-Saëns, de Gabriel Fauré et des célébrités du théâtre et de l’opéra, comme Sarah Bernhardt, Mounet-Sully, Emma Calvé, Caruso ou Chaliapine qui furent des familiers du Rocher.

Raoul Gunsbourg, né en Roumanie, était un médecin dans l’armée du tsar Alexandre II, il était son favori.

Il a d’abord obtenu le poste de directeur de l’Opéra de Nice en 1890-1891. Là, sa première saison provoque étonnement et admiration dans la presse locale : Les Huguenots de Meyerbeer, puis Don Giovanni de Mozart, Roméo et Juliette de Gounod…L’année suivante, le tsar Alexandre III écrit au prince Albert Ier de Monaco pour le prier d’accorder la direction de sont théâtre à Raoul Gunsbourg. « Le prince accéda à ce désir », commente sobrement l’intéressé dans son livre de souvenirs …

Le 18 février 1893, Raul Gunsbourg frappe un coup qui va consacrer sa réputation à Monaco, en France, en Europe et dans le monde entier : les spectateurs monégasques assistent à la création scénique de La Damnation de Faust de Berlioz, dans une mise en scène de Gunsbourg lui-même, qui marque prodigieusement le public. La légende dramatique de Berlioz n’avait, depuis sa création en 1846, connu que quelques dizaines d’exécutions en concert, mais elle connaitra plusieurs milliers de représentations à la suite du coup de génie de Gunsbourg.

Il transforme les quatre parties de La Damnation en 5 actes et 12 tableaux et s’attache à montrer réellement sur la scène ce que le XIXe siècle laissait jusque-là à l’imaginaire du spectateur. Ce fut un grand succès !

Le premier séjour de Berlioz sur la Cote d’Azur remonte à 1830.

En 1829, Berlioz publie Huit scènes de Faust et rencontre une jeune pianiste, Camille Moke. Tous deux tombent amoureux.

Grâce au prix de Rome il peut séjourner à la fameuse villa Médicis jusqu’en 1832. Mais il reçoit une lettre de la mère de Camille Moke l’informant que Camille a brisé leurs fiançailles et épousé Camille Pleyel, un riche facteur de pianos. Berlioz décide de revenir à Paris pour prendre vengeance et les tuer tous les trois — mais à son arrivée à Nice (qui fait alors partie de l’Italie) il s’est calmé et décide de rester sur place.

Mais c’est en pensant à Harriet Smithson (qui l’a bouleversé comme actrice) qu’il compose la Symphonie fantastique.

Berlioz rencontre Liszt, qui a assisté au concert; c’est le début d’une longue amitié entre les deux hommes qui va se poursuivre jusqu’à la fin des années 1850. Plus tard Liszt fera une transcription pour piano de la Symphonie fantastique, et deviendra l’un des plus ardents défenseurs de Berlioz pendant des années à venir.

La Symphonie fantastique est plus proche du poème symphonique que de la symphonie classique. Berlioz avait d’ailleurs prévu qu’un programme soit distribué à l’auditoire avant chaque exécution : il raconte le rêve d’un jeune musicien hanté par l’image d’une femme, être idéal symbolisé par une petite mélodie, l’idée fixe. Ce thème subit de multiples transformations au gré des péripéties. Au 4ème mouvement, l’artiste, désespéré, s’empoisonne à l’opium et délire. Il se voit condamné, conduit au supplice, exécuté, puis entraîné au sabbat dans une orgie diabolique.

Berlioz faisait alors suivre la symphonie par un monodrame intitulé Lélio qui terminait et complétait l’épisode de la vie d’un artiste. Tout au long de la représentation, l’orchestre était disposé sur la scène d’un théâtre, mais dissimulé derrière le rideau baissé.

Composée en 1830, six ans seulement après la 9e symphonie de Beethoven, l’œuvre révolutionne l’orchestration par l’audace des effets (contrastes des nuances, spatialisation…) et l’utilisation des instruments dans le 5ème mouvement (effets de glissandi aux vents, jeu col legno, avec le bois de l’archet… Berlioz n’a que 26 ans…

Berlioz était venu sur la Cote d’Azur trois fois.

La première fois c’était quand il avait 20 ans.

Son second séjour à Nice fut en 1844 à l’époque du Carnaval.

La Tour Bellanda, avec sa jolie guérite au toit vernissé, hébergea Hector Berlioz le temps de la création de l’ouverture du Roi Lear, inspirée par la tragédie du même nom de Shakespeare.

Son dernier séjour remonte à 1868. En se promenant sur les rochers à Monte-Carlo, Berlioz a fait une mauvaise chute et a été soigné à Monaco.

Conclusion

Échappant à toute école, la musique de Berlioz est d’une grande originalité et d’une invention constante. Le compositeur, très exalté dans l’exécution, reste cependant très rigoureux dans l’écriture. Éminent représentant du romantisme européen, il a longtemps été boudé en France. Surtout connu pour la Symphonie fantastique, ce sont divers chefs d’orchestre anglais comme Sir Thomas Beecham qui ont œuvré pour sa réhabilitation en enregistrant une grande partie de ses compositions.

Conférence : « Présentation du Festival Printemps des Arts de Monte-Carlo »
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Nous avons reçu le lundi 21 novembre 2016 à 12H15 à l’Auditorium Rainier III, M. Thomas Reich, chargé relations publiques du « Festival Printemps des Arts de Monte-Carlo », qui nous a présenté la programmation de ce festival qui se déroulera en Principauté du 17 mars au 8 avril.