23 septembre 2025 Valérie

Point presse : Monaco : coup d’éclat pour la dixième saison de Kazuki Yamada

©Emma Dantec_OPMC Communication

Kazuki Yamada, chef qui, pendant dix ans, a dynamisé, attisé, électrisé le Philharmonique de Monte-Carlo, a entamé sa dernière saison comme directeur de cet orchestre.

Il ne pouvait débuter cette saison de manière plus éclatante qu’en dirigeant Phaéton de Saint-Saëns, œuvre qui raconte l’aventure du fils du soleil qui s’empare du char de son père. Autour de lui, la musique étincelait, rayonnait, flamboyait à tous les pupitres. Mais là où, dans l’histoire mythologique, la course de Phaéton s’achève en catastrophe (le fils du soleil n’arrivant pas à maîtriser le char paternel), Kazuki Yamada, lui, gardait bien en mains les rênes de son orchestre. Il le fit resplendir jusqu’à la fin du concert.

Au programme figurait la Première Symphonie de Saint-Saëns – œuvre admirable écrite par un compositeur âgé à peine de 18 ans – ainsi que le poème symphonique Don Quichotte de Richard Strauss.

Dans cette œuvre délirante, le violoncelle incarne le héros de Cervantès, évoquant les péripéties de sa vie romanesque. Le voilà bondissant contre les moulins à vent, se heurtant au bêlement grotesque des moutons, soupirant pour Dulcinée, ployant devant l’épée du chevalier de la Blanche Lune ! Ce soir- là, le violoncelle était entre les mains d’un virtuose hors pair, Pablo Ferrández , artiste en résidence du Philharmonique de Monte-Carlo. Comme pour Kazuki Yamada vis à vis de Phaéton, Pablo Ferrández apparaissait en toute splendeur tandis que le héros qu’il incarnait allait à sa perte. Sa finesse de jeu, sa souplesse de phrasé, l’aisance de sa virtuosité, sa beauté de son faisaient merveille. Il portait une attention méticuleuse à tous les solistes de l’orchestre qui lui donnaient la réplique : avant tout le précieux alto de François Méreaux, qui incarnait à ses côtés le personnage de Sancho Pança, mais aussi le violon de David Lefèvre avec lequel il échangeait des phrases ensorceleuses, la clarinette de Marie B. Barrière qui s’adressait à lui comme une Dulcinée, la trompette de Matthias Personn qui commentait ses facéties avec brio, ou les timbales de Julien Bourgeois qui faisait gronder le tonnerre autour de lui, etc.

En bis, Pablo Ferrández s’unit à l’ensemble des violoncellistes de l’orchestre pour jouer la Vocalise de Rachmaninov. Il dédia ce moment de douceur et de recueillement à la mémoire de ce maître du violoncelle, Roland Pidoux, dont on avait appris le décès dans l’après-midi.

La beauté suspendue de cette Vocalise et tout était dit…

André Peyrègne Résonances lyriques

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