12 février 2024 Valérie

📌 Point presse : Tourbillon monégasque


©NEVEU Jean Louis

Monaco
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
09/02/2024 –  et 11 février 2024 (Boulogne-Billancourt)
Leonard Bernstein : Symphonic Dances from West Side Story
Astor Piazzolla : Double concerto pour guitare et bandonéon
George Gershwin : Porgy and Bess: A Symphonic Picture (arr. Robert Russell Bennett)
Tom Jobim, Luiz Bonfá & Vinícius de Moraes : La Guitare d’Orfeu (arr. Paulo Aragão)

Yamandu Costa (guitare), Martín Sued (bandonéon)
Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Alondra de la Parra (direction)

Ce ne fut pas un concert, ce fut un tourbillon ! Un tourbillon de mambo, de rumba, de tango, de cha‑cha, de samba ! Au centre de ce tourbillon, ou plutôt à sa tête, une jeune femme chef d’orchestre, cheveux au vent, déployant une énergie de guerrière et une souplesse d’elfe : Alondra de la Parra.

Le concert en question était celui de la Saint-Valentin, donné avec quelques jours d’avance par le Philharmonique de Monte‑Carlo – redonné deux jours plus tard à la Seine musicale à Paris. Pris par ce tourbillon, le public ne résista pas aux musiques de West Side StoryPorgy and Bess et Orfeu Negro. Electrisé par la jeune cheffe dont tout le corps battait la mesure – les épaules, les hanches, les jambes –, l’orchestre ne ménagea ni ses rythmes ni ses effets. Le Philharmonique monégasque devenait big band, swinguait à tous les étages, faisait entendre ici une batterie jazz, là un banjo, là encore un pupitre de saxophones. Et tout le monde, du violon solo à la grosse caisse, était à la fête. Dans West Side Story, les musiciens n’hésitaient pas à claquer des doigts en rythme ou crier « Mambo » en cadence ! Et le public faisait de même. On explosait de joie sur scène comme dans la salle.
Quand les musiques n’éclataient pas, elles devenaient amoureuses : « Somewhere » dans le Bernstein, « Bess, you is my woman now » dans le Gershwin, « Manha de Carnaval » dans le Jobim. Alors, au pupitre de chef, la main de la guerrière devenait caresse. Un frisson parcourait la salle. Un ange passait dans la salle  – celui de la Saint‑Valentin.

En plus de cela, on eut droit au Concerto pour guitare et bandonéon de Piazzolla. Il se veut symbolique d’une rencontre entre le fils et son père : le fils est symbolisé par la guitare, le père par le bandonéon. L’œuvre est en trois mouvements : une introduction confiée aux seuls instruments solistes, une milonga qui est un petit chef‑d’œuvre (Oblivion de Piazzolla n’est pas loin) et un tango qui, lui, est moins exaltant. Martín Sued était au bandonéon et Yamandu Costa à la guitare. Ce dernier est un phénomène. Cet homme est une ahurissante vedette dans son pays, le Brésil. Il totalise 18 millions de followers sur Facebook. On n’a jamais vu cela en Europe ! Cet homme et sa guitare ne font qu’un. Il pousse son instrument à ses dernières extrémités expressives. On croit qu’il va entrer en transe. On vibre avec lui. Les deux compères nous gratifièrent en bis du Libertango de Piazzolla. Et, là, ils nous mirent le feu !

Il fallait bien une Saint-Valentin pour voir triompher, ainsi, le Philharmonique de Monte‑Carlo dans le tango !

– André Peyrègne