25 octobre 2022 Valérie

📌 Point presse : Un Russe et un Ukrainien main dans la main

Monaco
Monte‑Carlo (Auditorium Rainier III)
23 octobre 2022
Igor Stravinsky : Scherzo fantastique, opus 3 – Pétrouchka (Suite de ballet, 1947)
Aram Khatchatourian : Concerto pour violon
Valeriy Sokolov (violon)
Orchestre philharmonique de Monte Carlo, Stanislav Kochanovsky (direction)

Un chef d’orchestre russe et un violoniste ukrainien ensemble sur la même scène ! Voilà ce qu’on vient de voir en l’Auditorium de Monaco. Le chef était Stanislav Kochanovsky, le violoniste Valeriy Sokolov. Tous deux se sont retrouvés fraternellement dans le Concerto de Khatchatourian. On n’oubliera pas l’image, forte en symbole, des deux artistes se tenant par la main au moment des saluts. Le public les applaudit debout.

Le violoniste venait de nous offrir l’une des plus belles interprétations qu’il nous ait été donné d’entendre de ce concerto. A croire que cette œuvre avait été composée pour lui ! On ne voit pas ce qu’on aurait pu faire de mieux en matière de virtuosité, de lyrisme, d’intensité de jeu. En plus de son talent, Sokolov nous rappelait physiquement le vrai dédicataire de l’œuvre, David Oïstrakh, avec les rondeurs de son physique et son menton potelé appuyé sur le rebord du violon.

Le reste du programme était consacré au Scherzo fantastique et à Pétrouchka de Stravinsky. Dans le Scherzo, Stravinsky, inspiré par le livre sur les abeilles de Maeterlinck, a évoqué la vie d’une ruche. Il ne s’est pas privé de s’inspirer du « Vol du bourdon » de son maître Rimski Korsakov. Voilà une œuvre capitale dans la carrière de son compositeur. En effet, le jour de sa création, Diaghilev était dans la salle. Ebloui par ce qu’il venait d’entendre, le directeur des Ballets russes passa aussitôt une commande au jeune Stravinsky. Cela donna L’Oiseau de feu, dont le succès entraîna par la suite les commandes de Pétrouchka et du Sacre du printemps. Diaghilev n’aurait pas été là le jour de la création du Scherzo, ces chefs d’œuvre n’auraient peut être pas existé. On en frémit rétrospectivement !

Pétrouchka, justement, était au programme du concert. Cette partition qui a tout d’un feu d’artifice évoque les outrances d’une fête carnavalesque. Sous la direction plutôt robuste de Stanislav Kochanovsky, on ressentit l’ivresse dionysiaque de cette musique. L’orchestre monégasque explosa de couleurs. Au hasard des interventions solistes, nous avons notamment remarqué la trompette de Matthias Persson, la flûte d’Anne Maugue, le piano d’Héloïse Hervouët. On ne peut les citer toutes.

Ce concert fut une fête – une fête de la musique et de la paix !

André Peyrègne